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Margaux Keller  //  Un design en phase avec son époque

« Elégance, poésie et décalage », un univers créatif en trois mots, tel que Margaux Keller aime à le définir. La jeune designer marseillaise dessine des objets simples et épurés qui se calent sur nos habitudes et nos modes de vie d’aujourd’hui. Une vision particulière qu’elle défend ardemment car son ADN à elle, c’est de susciter plusieurs lectures, de démultiplier et mixer les fonctions. Donc pas question de ranger sa production dans des catégories.

 

Rencontre avec cette jeune virtuose qui n’a pas fini de faire parler d’elle !

Dans quelles circonstances avez vous créé votre studio de design ?

J’ai étudié le design à l’ESAAMA Olivier de Serres puis à l’école Boulle suivi d’un stage chez Starck aux côtés du designer Eugeni Quittlet. Une fois mes diplômes en main (design produit et architecture intérieure), j’ai intégré l’équipe de design de la Fabrica, le centre de recherche et de communication de Benetton, dirigé par Sam Baron. Cette année 2011 a été décisive, elle m’a propulsé sur le terrain. Imaginez vous recevoir des appels de pros et décrocher un contrat avec Saint-Laurent pour la création d’un flacon de parfum, du haut de mes 24 ans !

 

Vous dites que le design n’est pas un style, mais une pratique ?

Le terme design est galvaudé et ça m’agace, j’enseigne dans une école de graphisme et j’apprends aux étudiants que c’est une pratique, c’est à dire un exercice pour aboutir à un objectif - un objet, un logo, un espace par exemple – qui suit une réflexion, des codes et des contraintes qui sont propres à chacun.

 

Comment vous définissez vous sur la scène du design ?

J’aime que mes objets suscitent un questionnement, une émotion, un sourire. Je m’attache d’abord à la fonction puis vient la partie artistique. Il importe de se défaire des archétypes qui polluent notre mémoire collective pour apporter d’autres usages pour un seul et même produit.  Prenez un endroit comme le lit par exemple, on y lit, on y petit déjeune, on y consulte sa tablette… Et bien, c’est à ces moments là que j’ai envie de penser dans leur globalité pour proposer des solutions qui s’y rapportent.

 

 

 

 

 

 

Qu’est ce qui vous inspire et vous guide ?

Je n’ai pas de mentor, je ne m’intéresse pas aux tendances. L’art contemporain par contre m’inspire ! C’est la façon dont nous vivons aujourd’hui qui m’intéresse, Je m’interroge sur nos gestes et je questionne notre pratique des objets ou du mobilier que je retranscris dans la modernité. Pensez au tabouret et vous verrez qu’il s’improvise table de chevet, table d’appoint, plateau TV, que sais-je encore !

 

Vous avez choisi de vivre à Marseille, l’ambiance est elle plus propice pour créer ?

C’est ma ville natale, j’y vis dans la quiétude et dans le rebond d’une ville désignée Capitale européenne de la Culture 2013 ! J’ai exposé à la Villa Noailles avec les boules de pétanque « Oh les beaux jours » édités par PAM !, au MuCEM avec ma collection de flacons en verre, les Pescadous. Marseille profite d’une belle impulsion et je me glisse dans cette belle énergie avec bonheur. Je le vis comme une force et une façon de me démarquer pour penser et créer librement, seule ou avec d’autres designers (PAM !), loin du tumulte de la capitale, qui finalement, n’est pas si loin en trois heures de TGV !  

 

Comment l’idée des vases Baryton, créés pour Habitat, vous est-elle venue ?

L’idée était de produire un objet décoratif hyper accessible et j’ai pensé au vase car c’est un objet facile, passe-partout, à titre perso comme pour un cadeau. J ‘ai donc revisiter ce classique de la déco en m’interrogeant sur son statut  « avec et sans fleurs » ! D’où l’idée d’un trio de soliflores qui, une fois retournés sur l’autre face, s’identifie à des poupées russes. L’objet devient alors sculptural pour un usage décoratif.

 

Si vous aviez un autre objet à faire pour Habitat, que feriez vous ?

Un petit meuble, quelque chose de pratique qui puisse apporter plusieurs solutions : un petit bureau ou une table d’appoint intégrant de la lumière, un meuble avec miroir incrusté…

 

Quel regard portez vous sur la création d’aujourd’hui ?

 

Je suis enthousiaste car la scène du jeune design français est en effervescence ! Je suis particulièrement sensible au savoir-faire et aux matériaux qui s’y réfèrent comme le bois, le verre et la céramique, - j’ai fait l’école Boulle et j’ai travaillé avec des souffleurs de verre en Italie à la Fabrica-, et nous assistons aujourd’hui au retour du bel objet, bien pensé et bien fait. Si le savoir-faire des artisans reste un must dans un certain registre, la production industrielle a su prendre le relais. Et là, j’applaudis ! Notre époque amène un autre regard sur notre façon de consommer. Les valeurs de la transmission sont de retour et la surabondance de choses moches est arrivée à son terme.

 

 

C’est quoi pour vous, le design accessible ?

 

C’est le rêve de demain mais aussi l’avenir du design. Pour ma part, le design doit servir une  pratique et non un style. Il faut servir la fonction, la démultiplier et la faire évoluer avec nos modes de vie pour donner aux objets une âme et aussi d’autres horizons.

 

 

Quelle est votre actualité ?

 

Je travaille sur un nouveau concept de salon de coiffure à Marseille où en accord avec ma démarche, je m’emploie à faire table rase de tous les clichés inhérents à ce type d’endroit : a t-on besoin d’être en vitrine, dans un univers laqué blanc aseptisé ? J’apporte une autre lecture en suggérant de l’intimité et une atmosphère. Surprise, livraison en mai 2014 ! Je vais présenter en janvier prochain au salon Playtime un jouet pour enfant, il s’agit d’un éléphant en liège à promener partout… Et, il y a aussi plein de jolis projets et collaborations à venir !

 

 

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