Rencontre avec Joachim Jirou-Najou

Un design ouvert aux expériences

La simplicité et le souci du détail se vivent comme les priorités de Joachim Jirou-Najou. Doté d’une solide culture des matériaux et de la fabrication, ce jeune designer signe la table TIPI, une belle évocation en terme de création et de réalisation.

Quel est votre parcours ?

A la sortie de l’ENSAD de Reims et des Arts Déco Paris, je me suis consacré au design de mobilier et d’objets en tant qu’assistant aux côtés du designer Pierre Charpin. Puis, j’ai été résident aux Ateliers de Paris en vue de monter ma propre structure. Je suis maintenant indépendant depuis 2012. Compte tenu de ma formation, je suis à la fois impliqué dans une démarche artistique et design et je me revendique assez libre dans mes choix !

Comment vous définissez vous sur la scène du design ?

Mon approche du design est polyvalente, je n’ai pas de critère sélectif. Je travaille à la fois sur des objets/meubles en édition limitée ou en production industrielle. Je m’intéresse particulièrement au langage des formes dans une quête d’intemporalité, c’est-à-dire de simplicité et d’élégance au service des savoir-faire. Une préoccupation qui va de pair avec mon souci du détail. J’essaie d’être le plus pérenne possible, cela vaut surtout dans l’industrie du meuble où les notions de solidité et de qualité sont pour moi incontournables.

Joachim Jirou-Najou. Tables basses Tipi en multiplis moulé multi-usages : table basse, bout de canapé, chevet... qui s’adapte parfaitement à tout type d’intérieur déjà meublé. Couleurs : chêne naturel, chêne laqué gris et chêne laqué vert. 2 tailles disponibles

Sur quels critères avez vous créé la table TIPI, un cahier des charges, une carte blanche ?

Plutôt une carte blanche dirigée sur la thématique des petits meubles. C’est un critère que j’ai traduit pour faire un objet satellite, ce que je définis par mobile, de petite taille, facile à déplacer d’un endroit à un autre dans une certaine logique du gain de place. Je me nourris de l’évolution des modes de vie pour créer, par conséquent je me soucie avant tout de l’usage. Une table doit respecter sa fonction mais son approche créative doit nourrir l’imaginaire pour que l’on puisse se l’approprier. Après, l’exercice de création ne se départit pas d’un ensemble de contraintes à respecter pour Habitat. On ne formule tout simplement pas les mêmes réponses selon qu’il s’agit d’un projet personnel, d’un projet d’édition ou d’une demande pour une marque avec un positionnement sur le marché.

Quelle a été votre inspiration pour la création de la table TIPI ?

Je pars rarement d’objets figuratifs pour créer. Là, j’ai plutôt convoité une forme douce et arrondie à l’instar d’un galet. Un objet à la fois abstrait et évocateur qui joue à la fois sur un côté massif et léger, caressant. Pour ce faire, j’ai travaillé la technique du bois moulé que l’on utilise pour faire les coques de bateau. Cette construction de type millefeuille - les feuilles de bois sont successivement orientées et contrecollées sur un moule – se vit comme un habillage à la fois solide et léger qui maintient plateau et coque en un seul bloc. Dans sa forme, on peut y voir l’ouverture d’une tente de tipi mais en fait, son nom est tiré des initiales TIPI pour Table In Plywood Indoor !

Si vous aviez un autre objet à créer pour Habitat, que feriez vous ?

De la vaisselle en porcelaine blanche ou une chaise en acier, en bois moulé…

Quel regard portez vous sur la création d’aujourd’hui ?

Nous sommes dans une période charnière où le discours est au tout vintage mais cette répétition ne me dérange pas, la création continue d’avancer. Il faut s’intéresser à de nouvelles méthodes de travail, être dans son rôle de designer quel que soit l’exercice et surtout ne jamais être répétitif. Et si les fonctions n’évoluent pas, il est toujours question de confort, de dimensions, de matériaux, de détails, donc de création !

Quelle est votre actualité du moment ?

J’ai dernièrement participé à la création de foulards dans le cadre d’une production collective qui a fait l’objet d’une exposition à Milan. Je participe à un collectif de design qui alimente mon travail de prospective en matière de création et qui s’expose au travers de différentes manifestations : Designer’s Days, Galerie Bensimon… Et, je travaille actuellement à un projet de mobilier en métal.